D’origine juive, Pinchas Shaar est né en Pologne en 1923. Petit déjà, il s’amusait à dessiner de petits graffitis et personnages de contes de fées. L’artiste connu les horreurs de la guerre et les camps de concentration (il en sort gravement malade).Après la guerre, il réside quelques années à Munich où il peint des décors de théâtre. En 1951, il retourne en Israël. En 1974, il décide d’aller vivre à Paris. Au début, l’artiste ne sent pas à sa place (il est impressionné par la qualité de la production artistique ainsi que par le poids de la tradition de la peinture française). Mais très vite, la ville de Paris sera pou lui une révélation: la France lui a appris à se redécouvrir lui-même, Paris lui a révélé la « conscience d’être ». C’est donc à Paris qu’il commence à peindre les petits personnages fantasques de son enfance.
Avec Pinchas Shaar se pose la question de l’existence d’un art juif. Son œuvre se lit comme une poésie. En effet, l’artiste donne une grande importance à l’écriture qui peut être à la fois graphisme et pensée. Il y a chez l’artiste une certaine spontanéité, une véritable liberté d’expression. Ses tableaux sont comme des histoires où se déplacent de petites figures féeriques telles que des reines de Saba, des prophètes, des rois mages ou encore des animaux appartenant à un bestiaire fabuleux. Pinchas Shaar nous révèle les méandres de sa conscience et nous livre à un univers imaginaire qui fait parfois référence au folklore juif. L’œuvre de Pinchas Shaar est comparable à un monde intérieur, teinté à la fois d’humour et de tristesse. Mais contrairement aux expressionnistes allemands, Pinchas Shaar ne peint pas l’ « horreur ». L’inquiétude de l’artiste est plutôt de l’ordre du métaphysique…
(Lodz, 1923 – 1996)