Cawian Un art bien intentionné – L’ECHO 8 octobre
Cawian Un art bien intentionné
Cawian est le peintre d’un univers paisible, qui fait une place privilégiée au couple et au problème de la vie à deux. La femme, en voie de libération, se veut êt se sent égale à son compagnon. Voilà pour le décor psychologique.
Né en 1951 au Kurdistan d’Irak et formé à l’Académie des Beaux Arts de l’Université de Bagdad, il est aussi diplômé de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris. D’origine orientale, l’artiste a assimilé une longue tradition de classicisme occidental, et sa peinture prône le rapprochement entre les êtres.
Il a réalisé des paysages, des natures mortes et des personnages, où l’on trouve les traces évidentes des coloris de Matisse et de Juan Gris.
Le thème de la pomme est fréquent dans bon nombre de ses œuvres, et souvent les critiques y ont vu un symbole de féminité, qui emplit d’une vie mouvante les corsages. Les femmes, chez lui, portent des chapeaux, ce qui évoque un vague souvenir des personnages de Kirchner. Ce qui est le plus remarquable, dans cette démarche que ne trouble aucune agitation, c’est la variété du coloris, très sonore, mais jamais agressif. Il entoure ses couples et ses personnages solitaires d’une amicale complaisance, donnant aux vêtements une importance considérable, qui va parfois jusqu’à négliger l’être humain sous des tissus aux tons vifs, nourris parfois même de collages d’une vivacité soudaine, et captant l’intérêt du spectateur qui, distrait de la nudité d’un couple, va l’oublier au profit du kaléidoscope qui l’interpelle.
Rares sont les œuvres où le dessin, cependant habile, s’applique à exprimer un sentiment. Perplexité, attente, tristesse ou plaisir de se perdre dans un climat où les différences se noient dans une composition, où les racines orientales et les révélations de l’Occident font excellent mariage. Le désir sincère de rapprocher les êtres, dans un élan à la fois confiant et inquiet, donne à cette œuvre, très remarquable dans son unité, une chaleur humaine très communicative.
Stéphane Rey
L’ECHO – vendredi 8 octobre